Biodiversité et Enjeux
Papouasie : Biodiversité et Enjeux
La Papouasie - Nouvelle Guinée (PNG) est la deuxième plus grande île au monde après le Groenland.
La Papouasie (moitié occidentale de l’île) est la plus grande province d’Indonésie et la moins peuplée.
Elle abrite encore une portion significative des dernières forêts primaires de la Planète et des récifs
coralliens parmi les plus riches au monde.
Réévaluée au congrès de Biak (1997), la biodiversité Papoue est encore largement sous-estimée mais
hisse déjà l’Indonésie au premier rang mondial de la biodiversité (CI, RAP Bulletin 2000). La
Papouasie devient le terrain d’énormes enjeux sur les plans politique, économique et de conservation.
Cette biodiversité particulièrement riche est en partie liée à des reliefs mouvementés qui ont favorisé
des spéciations par isolement. L’histoire géologique ancienne et complexe de l’île aurait également été
déterminante (Hill & Hall 2003). L’accrétion de 32 terranes tectoniques d’origines géologiques
différentes et caractérisés par des écosystèmes et des peuplements spécifiques, aurait également
contribué à l’enrichissement de sa biodiversité (Novotny et al. 2005).
Le programme FISH-DIVA Papua
Afin de contribuer à la connaissance de la biodiversité, à sa conservation et à son utilisation raisonnée,
un programme tripartite a été mis en place en 2007, entre l’UR 175 CAVIAR IRD et les organismes
indonésiens de l’APSOR (Académie des Pêches de Sorong, Papua) et du RCA (Research Center for
Aquaculture, Java). Ce programme porte sur les poissons arc-en-ciel de Papouasie (Melanotaeniidae).
Avec plus de 37 espèces, cette famille est l’un des groupes de poissons les plus diversifiés des eaux
douces de Papouasie. Ces poissons aux couleurs vives et de formes variées sont très recherchés par les
aquariophiles. Malgré leur intérêt commercial, la diversité de ce groupe reste encore mal connue et
nombre d’espèces menacées par une surexploitation ne sont pas domestiquées.
Au delà de l’inventorisation, de la découverte de nouvelles espèces et de leur domestication, nos
activités consistent également à étudier les processus évolutifs de diversification qui ont façonné ce
groupe et à prédire l’évolution future des populations les plus exposées aux activités humaines et aux
grands changements climatiques globaux annoncés. Ce programme de recherche soutient la thèse de
doctorat de Mr. Kadarusman (enseignant chercheur APSOR) qui est inscrit à Toulouse III (SEVAB,
2009-2011). Cette thèse s’appuie sur du matériel récolté lors de 3 expéditions successives menées de
2007 à 2009 sur la Péninsule de la Vogelkop. L’étude morphométrique et les analyses génétiques ont
permis la découverte d’une dizaine d’espèces nouvelles. L’analyse phylogéographique montre
d’importants niveaux d’endémisme et une diversité plus élevée dans les bassins hydrographiques
fragmentés des massifs karstiques (i.e. karst de Sorong Selatan, Ouest Vogelkop).
Le programme «espèces diadromes des systèmes insulaires Indo-Pacifiques : Endémisme, et
dispersion » de l’UMR 7208 BOREA
Les systèmes insulaires de l’Indopacifique abritent des espèces diadromes qui sont les seules espèces
capables de coloniser naturellement les cours d’eau. Leur stratégie de dispersion représente un moteur
essentiel de la structuration et de la persistance des communautés. Les espèces diadromes
amphidromes (Gobiidae (Sicydiinae), Eleotridae) pondent en eau douce, les larves dévalent vers la
mer où elles vivent une phase planctonique d’une durée très variable (3 à 8 mois selon les espèces).
Elles retournent ensuite vers les rivières où elles grossissent et se reproduisent (Keith, 2003). Ces
poissons constituent souvent la plus grande part des peuplements dans les systèmes dulçaquicoles
insulaires et les taux d’endémisme les plus élevé. En raison des remontées massives des larves dans les
rivières à certaines périodes de l’année, ces espèces sont aussi, dans certains archipels, une ressource
alimentaire importante (à l’état larvaire ou adulte) pour les populations locales, mais une ressource très
fragile, parfois même au bord de l’extinction, en raison de la complexité de leur cycle biologique et
des impacts anthropiques. Compte tenu de leur mode de dispersion (larves marines), l’étude des
facteurs qui conduisent à l’endémisme ou à une plus large distribution est primordiale pour la
compréhension de la phylogéographie des espèces. PNG et ses karst est un site exceptionnel pour
apporter des éléments de réponse. Cette étude s’intégrera dans le programme transversal de l’UMR
BOREA et s’appuiera sur son réseau régional (Vanuatu, Nouvelle-Calédonie, Polynésie…).