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Lengguru Kaimana 2010
Lengguru Kaimana 2010
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3 avril 2010

Exploration des karsts de la Papouasie occidentale et étude de leur biodiversité

Le terrain d’étude : une zone névralgique de la planète Terre

            -Un carrefour de plaques tectoniques  : Plaque Pacifique, Plaque Australienne, Plaque Asiatique, dont l’affrontement produit une fragmentation en blocs plus petits. Des vitesses de déplacement des plaques parmi les plus rapides du monde, de l’ordre de 10 cm par an.

            - Une chaine de montagnes extrêmement récente, qui s’est formée entre -10 et -3 millions d’années, pour s’effondrer partiellement ensuite (pour comparaison, l’Himalaya est en cours de formation depuis 60 millions d’années).

            - Un point de passage obligé entre l’Asie et L’Australie, pour la vie continentale, mais aussi pour le peuplement humain.

A cette situation exceptionnelle s’ajoute l’atout majeur que sont des karsts particulièrement développés.

P3160107_1_ En effet les cavités du karst constituent des conservatoires privilégiés du passé de la terre. Les concrétions par leurs fractures enregistrent les séismes. Les remplissages sédimentaires des grottes enregistrent le passage des anciens cours d’eau, avec des informations sur leurs régimes hydrologiques et sur leurs origines géographiques. Les parois et le sol enregistrent le passage des hommes, de leur art et de leur artisanat. Les fossiles sont préservés alors qu’à l’extérieur l’environnement équatorial a tout digéré depuis longtemps.

Les karsts de la chaîne de Lengguru constituent aussi des éléments structurants de la biodiversité, particulièrement pour la vie aquatique. En effet placés en travers des cours d’eau, ils fragmentent des bassins hydrographiques, isolant des espèces incapables d’effectuer le parcours souterrain. A contrario, pour les espèces troglobies incapables de survivre à la lumière, chaque massif karstique constitue une île qui favorisera une évolution divergente.

Enfin les karsts par leurs reliefs acérés ont fait de la chaîne de Lengguru un milieu difficile d’accès, et par cela protégé des intrusions de la civilisation, et très peu exploré, où presque tout reste à découvrir.

Des disciplines scientifiques qui se complètent.

Les sciences de la terre, les sciences de la vie et les sciences de l’homme viendront chacune apporter aux autres les éléments de connaissance qui lui permettront de progresser.

            La géologie structurale et la géodynamique permettent en fournissant le canevas général de structuration des reliefs, de fournir le cadre général d’évolution des karsts.

            En retour l’étude des karsts permettra d’affiner la chronologie d’évolution des reliefs, et de préciser les mouvements de surrection/effondrement. Cet apport sera également utilisé par les biologistes pour définir et expliquer l’extension géographique des espèces et sous-espèces qui seront observées.

            L’hydrogéologie et l’hydrochimie associées à l’étude des karsts préciseront les biotopes des espèces étudiées et apporteront leur contribution à la compréhension du fonctionnement actuel de ces karsts en cours d’évolution rapide.

            Les arbres phylogénétiques que dresseront les biologistes apporteront d’autres enseignements sur l’évolution des massifs karstiques et des bassins qui les séparent. L’utilisation de l’horloge génétique devrait apporter encore d’autres informations sur l’évolution des reliefs (capture de rivière avec populations qui se retrouvent à évoluer séparément de part et d’autre par exemple).

            L’archéologie, pour étudier les traces du passage des ancêtres des Aborigènes et des Papous, bénéficiera de l’étude de l‘environnement karstique, mais les datations qu’elle fournira bénéficieront aussi à la connaissance de ce karst, et l’étude des modes de vies des hommes préhistoriques apportera des connaissances sur leurs interactions avec l’environnement et leur utilisation des espèces vivantes dans le passé.

Un projet enraciné sur des bases solides et qui s’inscrit dans une continuité

Le projet Lengguru 2010 ne démarre pas de but en blanc. En 2007 et 2008 deux expéditions de l’IRD ont montré la richesse de la région de Sorong toute proche du point de vue de la biodiversité des poissons d’eau douce, elles ont aussi permis d’entrevoir que les karsts jouaient un rôle dans cette biodiversité.

Une thèse en sciences de la terre, spécialisée en géologie structurale et géodynamique, et centrée sur la chaîne de Lengguru, a été soutenue en novembre 2009 par Vivien Bailly à l’université Paris VI, en partenariat avec la société Total et l’Ecole Normale Supérieure de Paris.

La mission Lengguru 2010 se présente comme un tournant pluridisciplinaire préparatoire à un programme de plus grande envergure pour les années à venir, qui se traduira à la fois par un approfondissement et un élargissement du champ d’étude, sur la base des acquisitions de 2010.

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photgraphies : vivien Bailly

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